Retour sur l’hommage à Samuel Paty
Mercredi 21 octobre 2020 à 18h, une centaine de personnes se sont réunies devant la Cité Scolaire André Maurois de Deauville afin de rendre hommage à Samuel Paty.
Jacques Marie, Vice-Président de la Communauté de Communes Coeur Côte Fleurie et ancien professeur a prononcé quelques mots...
« Mesdames, messieurs, chers amis,
Vendredi dernier notre collègue Samuel Paty est parti de chez lui simplement, le matin, comme tout un chacun peut le faire, avec un simple au revoir à ses proches. Il a , comme on dit, fait cours avec la conscience professionnelle que tous lui reconnaissaient. Il quitte son établissement, l’esprit léger avec la proximité des vacances et là, l’horreur absolue, on l’assassine, on le décapite ! Comment peut-on imaginer une telle horreur !
La folie d’un homme, embrigadé et poussé par une idéologie barbare et meurtrière, conditionné par certains fanatiques dévoyant une religion de paix, a commis l’irréparable ! Cet homme a bénéficié de l’accueil de notre République avec sa devise « Liberté Egalité Fraternité » et voilà sa réponse, un crime horrible qui a suscité l’indignation que l’on sait!
Comment peut-on imaginer que Samuel est mort pour avoir enseigné !
Il voulait seulement transmettre un savoir, faire réfléchir, faire émerger la liberté d’expression, développer l’esprit critique. Certains ne l’admettent pas et on lui a fait payer le prix fort, son élimination !
Chaque enseignant est touché au plus profond de lui-même et la volonté indéfectible qui tous nous animera de continuer notre mission de faire découvrir, de faire réfléchir, d’apprendre à apprendre sera ancrée de manière encore plus forte en mémoire de Samuel Paty.
L’école de notre République est l’endroit où on doit combattre l’ignorance, apprendre à se construire, apprendre à regarder l’autre et accepter sa différence, à respecter autrui, comprendre que l’autre peut penser autrement. Que l’autre peut croire ou ne pas croire ! Voilà la laïcité !
Mais l’école ne peut pas tout résoudre et faire ! Nous, parents, élus, citoyens sommes responsables de la société dans laquelle nous vivons et des lendemains que l’on aperçoit et qui peuvent être dramatiques. Nous devons être tous solidaires. A nous de bien réfléchir aux conséquences des décisions que l’on prend ! Les valeurs de la République ne sont pas négociables et conditionnent ces lendemains que j’évoquais ; c’est un socle sur lequel tout doit reposer !
J’ai rappelé il y a quelques instants la devise de la République « Liberté Egalité Fraternité » ; nous devons nous battre pour la mettre en œuvre et la défendre. Samuel Paty éduquait ses élèves à la liberté ; il a perdu la sienne au nom de cette liberté. Nous lui en sommes redevables !
Attention à l’obscurantisme quel qu’il soit ! Il nous mène droit dans le mur. Nous devons être très vigilants et nous battre pour que, dans la société de demain, nos enfants puissent jouir de toutes les libertés. Montesquieu disait « Les pays ne sont pas cultivés en raison de leur fertilité mais en raison de leur liberté ». Je le répète, battons-nous pour préserver ce bien précieux, la liberté ! Les combats collectifs priment sur l’individualisme.
Je voudrais maintenant dire que nous devons réfléchir au rôle des réseaux sociaux ; ce rôle a été dramatique et dévastateur dans ce cas précis et a livré Samuel Paty à cet acharnement funeste!…
Notre République est contestée y compris sur ces réseaux sociaux ; elle est attaquée et fragilisée par cet acte odieux commis vendredi dernier. Nous devons tous ensemble nous battre pour la préserver.
Rendons hommage à Samuel Paty, ce Hussard de la République, mort pour avoir voulu être libre de penser !
Nos pensées vont à sa famille, à ses collègues, à ses élèves traumatisés et marqués à tout jamais.
Merci de votre présence pour cet hommage. »
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